Enchantée !
Bienvenue dans cette première édition d’Amapola ! La newsletter qui invite à se réconcilier avec son corps, son alimentation, et ses émotions. Je suis Manon, et pour me présenter rapidement, je suis passionnée par la santé, la psychologie, le coaching, le développement personnel, les médecines alternatives ; et surtout, j’aime les chats et les voyages.
Aujourd’hui, je vais vous parler des troubles du comportement alimentaire, qui est un sujet amené à être abordé à plusieurs reprises ici.
-- TCA de leur petit nom --
Il existe un manuel utilisé internationalement comme référence pour les diagnostics des troubles mentaux, la dernière édition étant le DSM-5, publié en 2013 par l'American Psychiatric Association. Mais rassurez-vous, je vais vous donner une définition rapide plutôt que de vous obliger à le lire pour poursuivre cette édition. 😇
Les troubles du comportement alimentaire (TCA) désignent un ensemble de pathologies caractérisées par une relation à la nourriture ou un comportement alimentaire perturbés, avec un impact sur la santé physique, psychique et le fonctionnement de l'individu. Ils sont constitués principalement par l’anorexie mentale et la boulimie nerveuse, auxquelles s’ajoutent l’hyperphagie, et les autres troubles de l’alimentation.
(On en reparlera plus en détail plus tard, notamment de ces “autres troubles de l’alimentation”.)
Quand je faisais mes recherches quant à l’épidémiologie des TCA en France, je trouvais des chiffres variés : un coup 500 000, un coup 4 millions, puis 8 millions… Aujourd’hui, on peut se dire qu’on se trouve facilement dans les grands ordres de grandeur de ces estimations, mais difficile de stabiliser notre curseur.
On trouve toutes sortes de chiffres à droite à gauche et de manière de comptabiliser. Soit l’étude n’est réalisée que sur un échantillon dans une certaine tranche d’âge ou catégorie sociale, soit que sur des femmes, soit que sur un TCA en particulier… C’est un mic-mac d’informations, impossible de s’y retrouver et de définir un consensus commun.
“Il existe peu de données épidémiologiques françaises.” — Haute Autorité de Santé
Alors, la grande question vous me direz…
Les TCA sont malheureusement des maladies qui se “propagent” entre guillemets de manière exponentielle au sein de notre population depuis le XXe siècle.
Cela ne veut pas dire que ça n’existait pas avant. Je pourrai faire une édition sur la partie “historique” des TCA d’ailleurs, si ça vous intéresse dites-le-moi en commentaires.
On voit déjà que sur l’ensemble des études de la période 2013-2018, la “prévalence instantanée” (en gros le nombre de cas comptabilisé à un moment) de TCA avait plus que doublé par rapport à 2000-2006 (7,8 % par rapport à 3,5 %). Pour simplifier, en dix ans il y a deux fois plus de cas. Voilà. 😃
On ne considère dans la plupart que la boulimie et l’anorexie. Mais qu’en est-il des autres troubles ? Ils sont tout aussi dévastateurs.
On parlera alors d’hyperphagie boulimique, de “binge-eating disorder”, d’orthorexie, même de bigorexie… Ne vous inquiétez pas, même si ces mots vous paraissent du chinois, j’aurai l’occasion de revenir dessus et de les expliquer.
“Depuis 11 ans, aucune enquête sur la comorbidité des TCA en population générale n'a été réalisée. Une première réunion de contact entre les différentes structures intéressées a eu lieu sous la direction de B. Falissard mais ce projet pose encore beaucoup de questions et est ouvert à tous.” — Fédération Française Anorexie Boulimie
De nombreuses personnes ne sont pas diagnostiquées. Ce sont des troubles psychologiques et il existe donc un fort facteur culturel amenant au déni ou à la prise de conscience et l’acceptation.
Je m’explique.
Pour simplifier, je vais prendre l’exemple qui est à mon goût le plus flagrant. La présence des TCA entre les hommes et les femmes. Dans la littérature, on retrouve souvent ces chiffres : “9 femmes pour 1 homme souffrent de TCA”… Mais ici on ne parle que des personnes qui ont déjà fait le chemin de se rendre compte qu’elles n’étaient pas au clair avec leur alimentation… En discutant avec des hommes, je me suis rendu compte qu’ils étaient complètement évincés du problème.
Un homme qui mange moins, ou change drastiquement ses habitudes, et se met à faire du sport tous les jours, c’est un homme motivé, avec une force de caractère, on le respecte, un sportif, qui optimise ses performances et sa musculature. Alors ça peut être le cas bien sûr. Mais ça peut aussi cacher derrière un mal-être profond, une non-acceptation de son corps, des troubles alimentaires. Mais, sociétalement parlant, c’est accepté. On trouve ça normal.
Mais, si on inverse les schémas.
Si une fille commence à faire du sport tous les jours, en arrêtant de manger le midi et en mangeant que 3 barres protéinées par jour. On va la voir perdre du poids, comme l’homme, ses muscles se définir, comme l’homme, manger de manière aléatoire avec des règles bien précises et minutieuses à tenir, comme l’homme ; mais à la différence de l’homme, son entourage a plus de chance de s’inquiéter. Et encore, ça ne veut pas dire que ce sera toujours remarqué. On parle bien sûr ici que d’un cas particulier de troubles alimentaires et pas de tous, je précise.
Ceci m’amène à penser que beaucoup plus d’hommes que l’on n’imagine sont concernés, de manière plus ou moins intense, par des troubles du comportement alimentaire.
Rien qu’autour de moi, je vois beaucoup d’hommes qui parfois le soir vont se “jeter” sur la nourriture en rentrant du travail, ou manger par moments dans des quantités disproportionnées. On ne va pas parler ici de “grignotage” ou de “nourriture émotionnelle”. Des hommes mangent par exemple parfois trois paquets de gâteaux d’affilée deux fois par semaine sans se poser de questions et sans se rendre compte que c’est du binge-eating ou de l’hyperphagie.
Il y a aussi l’obésité. Comptons-nous dans les chiffres toutes les personnes qui souffrent d’obésité morbide, mais qui sont aussi atteintes d’hyperphagie ?
Et pour finir sur ce point, ici je parle seulement de ce qu’on considère TCA - Troubles du Comportement Alimentaire ! Je ne parle pas de toutes les personnes qui se sentent mal dans leur peau, qui sont complexées, qui n’acceptent pas leur corps, qui en pleurent même parfois ; et qui du coup s’enchaînent je ne sais quel régime ou “rééquilibrage alimentaire” ou jeûne intermittent ou crudivorisme et j’en passe dans le but de perdre du poids, mais qui ne vont pas forcément être considérées comment atteintes de TCA !
“Cette revue a permis de mettre en évidence que le manque de standardisation des études de prévalence des TCA (outils diagnostic/d’évaluation) et l’évolution des différentes classifications rendent complexe l’intégration de toutes les données de prévalence. Néanmoins, les études les plus récentes confirment que les TCA sont de plus en plus répandus dans le monde entier, en particulier chez les femmes. En effet, durant la période 2000–2018, une tendance à l’augmentation de la prévalence des TCA est observée. Cette revue souligne donc le véritable défi permanent que constituent les TCA pour la santé publique et les professionnels de santé.” — Prévalence des troubles du comportement alimentaire au cours de la période 2000-2018 : une revue systématique de la littérature
Maintenant que je vous ai expliqué mon point de vue, essayons d’estimer le nombre de personnes en France qui souffrent de TCA !
Ça va être coton, je vous le dis. 🥸
Au fil de mes recherches, looongues… 💤 recherches…, j’ai trouvé une pépite.
Études analysées :
Au sein des 94 études, on peut compter 8,4 % de femmes et 2,2 % d’hommes qui connaîtront un TCA au cours de leur vie. → À l’échelle de la France, cela représenterait donc 5,6 millions de femmes et 1,5 million d’hommes.
Soit environ 7 millions de personnes.
Mais !
Au sein des 27 autres études, les moyennes pondérées pour le total des TCA étaient de 19,4 % chez les femmes et de 13,8 % pour les hommes. → En gros en France, ça ferait près de 13 millions de femmes et 2,25 millions d’hommes.
Là on atteint plus de 15 millions, soit plus de 22 % de la population française connaîtrait un TCA au cours de sa vie.
C’est énorme.
Et même si on restreint juste sur les études en “diagnostic précis”, ça resterait 10,5 % de la population française.
😱
Je ne voyais pas comment commencer ma newsletter sans “poser le décor” comme on dit. Bon en termes de déco là, on n’est pas dans les meilleurs goûts… Mais comme j’aime voir le positif dans chaque chose, on peut choisir de se fixer une direction commune où on arrête l’engrenage d’évolution des TCA. Si déjà dans un premier temps, on parvient à stabiliser ces chiffres sur les années à venir avec plus de prévention, sensibilisation, éducation, vulgarisation sur les troubles du comportement alimentaire, j’ai bon espoir qu’on pourra amener de gros progrès.
Donc comme vous vous en doutez, vous avez votre rôle à jouer dans l’histoire, donc si vous le voulez bien je vais vous laisser un petit devoir ! Ne vous inquiétez pas, il s'agit juste de favoriser la divulgation de l’info en partageant cet article.
C’est déjà une première petite marche.
Et on va en gravir plein d’autres ensembles. Vous allez voir, ça va être trop bien. Vraiment. 😁
À la revoyure !
Manon. 💜